Perdre quelqu'un ce n est pas le plus dur

Le plus dur c est de vivre après

Se reconstruire

Sourire

Y croire

Perdre quelqu un, ce n est pas le plus dur

C est au détour d un rangement, se faire surprendre par une lettre, l ouvrir le cœur battant et sentir les larmes monter :Joyeux anniversaire mon chéri, tes grands parents qui t aiment très fort!

Perdre quelqu'un, ce n est pas le plus dur, c est aussi ce moment qui te tord les boyaux quand tu crois voir dans la rue son reflet, sa moustache, une démarche

Ça te tord le cœur de réaliser que ce n est pas vrai, que tu dois continuer seul.e de marcher droite dans ces rues si étroites

Que quand tu ressens l envie de leur téléphoner, de les voir, de les serrer dans tes bras, de leur dire je t aime, ce que tu n as jamais fait, car tu as misé sur le fait qu'il et elle le savait.

Ce coup de poing au ventre quand tu donnes ce qui était à eux, sans valeur marchande mais qui vaut tellement mieux : Un haut en laine chaude, une valise bleue, des chaussettes tricotée, un puzzle bienheureux

D avoir connu ces mains qui ont pris grand soin et que tu balances aujourd'hui comme si ça n était rien.

Ces objets de fortune auxquels moi je m accroche ont si grande importance que les donner ou les jeter me semblent être une trahison où je pourrais moi même me jeter en prison.

Et puis je me regarde, le visage bouffi par les larmes, je me souris comme je peux quand je vois sur mon visage un peu d eux

Le nez de mon père. Les paupières de ma mère, les ridules entourant ma lumière

Alors je respire, je m allége de cette peine immense et je me dis que je transporte dans chacune de mes cellules et de mon cœur ce qu ils m ont légué

L amour des autres, le fait d être protégé

Les cadeaux de Noël comme mon identité

Cette histoire familiale que je veux chouchouter

Et transmettre à mon fils avec grande fierté

Perdre quelqu un ce n est pas le plus dur

Vivre droit et léger, mérite beaucoup d amour pur

Prise d une quinte de toux de Pall Mall

Éblouie par le blues sur le zinc d un Barman à la patte folle

Il est minuit, j ai le blues

et encore cette nuit, j'vais courir après le flouz

Au sol du mi bémol, je sens mon cœur se fondre

Dans le miroir sans tain, dans cette glace Ronde

Un regard en arrière, voir ma vie qui s ecroule

Le monde continue, mais ma tristesse déboule

Ses notes de saxo rythment mon son cardiaque

Un peu de dystonie, voire hypocondriaque

Je me nois dans ce liquide irlandais

Comme dans un lac rempli de mauvais lait

Undercut dans ma nuque, Uppercut dans mon cœur

Suis je si tyrannique quand de mauvaise humeur

Le piano reprend son air, tandis que moi j etouffe

J ai l air con comme ça, même l air d une pouf

Avec ce vieux Rimmel coulant sur mes 2 joues

Mes collants filés, un trou au dessus du genou

Il est minuit c est sûr mais là j ai peu d espoir

Que ce sera plus clair quand il ne fera plus noir

Les notes s egrenent et se plantent

Brouillent mon esprit embrumé

Encore un petit coup d œil vers le verre fumé

Je me lève,titube, attirent les regards, et lente

Sort droite comme un i vers la sortie du bar

Dehors, le froid me cueille comme un ver incongru

Je grelotte, grommelle, cette soirée est foutue

Je rentre mettre un super 33 tour

Ray Charles sauve moi, jveux pas voir le jour

La vie après minuit est une belle enflure

Elle nous fait miroiter des tonnes de belles notes

Du blues par milliers, dans ma tête et mes côtes

J'préfère me coucher, plus penser aux blessures

Cumulée en journée, gramophone en boucle

Encore une nuit passée à me prendre pour une plouc

Les notes bleues ne sont pas mes amies

Mélomane mélodramatique

La musique tire ses lances à minuit

Le blues berce mes peurs, et aussi mes envies pathétiques !

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SLAM - POESIE

Paris 1943 - Au pied de Notre Dame une matinée

Il l'embrasse fougueusement tout ébouriffé

Avec son foulard autour du cou, il ressemble à un artiste

Ses mains sont blanches, ses ongles impeccablement coupés

Il l'aime. Follement. Mais il va partir et cela l'attriste

Il va partir loin et longtemps,

il va lutter, il résiste

Parce que cette époque n'est autre que sinistre

Elle, est surprise de tant de force

Elle ne sait pas encore l'absence si féroce

Elle ne sait pas qu'elle l'attendra en vain tous les matins

Devant cette brasserie, ce café parisien

Elle n' a pas encore fait la connaissance

De celle qui va l'accompagner, la souffrance

Elle ne se doute pas que c'est vraiment la dernière fois,

la toute dernière fois qu'elle le voit

Et que toute sa vie sera une longue salle d'attente et d'espoir

Où elle croira tous les jours un peu moins dans la rue l'apercevoir

Comment peut- elle savoir que juste 2 ans plus tard,

il mourra avec son image comme dernière mémoire

Alors elle rit et le repousse doucement

Se dégage de son soupir si brûlant

Ca ne se fait pas, de s'embrasser comme ça dans la rue

Si seulement, là, tout de suite, si seulement elle avait su

Elle l'aurait collé, empéché, même peut-etre tapé

Mais peut on seulement arreter le destin,

avec juste nos 2 petits poings ?

Alors à chaque fois que je croise cette photo,

les larmes me montent aux yeux

Je fais un clin d'oeil vers les cieux

En espérant qu'ils gambadent désormais, là haut, en duo

Qu'ils sont comme soudés, liés par leurs 2 mains

Que leur regard chante le même refrain

Qu'ils s'embrassent encore, impétueusement

Et rient aux éclats, le coeur battant, comme 2 vrais amants...

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